TENDRE VERS L'AUTONOMIE
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Nous vous avions déjà parlé dans le dernier article de Carsten et Aline et des low-tech qu'ils utilisaient quotidiennement. Nous sommes restés 5 semaines dans le nord-est de la Belgique chez ce couple généreux. Leur choix de vie nous ont plu et nous voulions partager cela avec vous.
- LE VÉLO POUR SE DÉPLACER -
Il y a maintenant 5 ans, suite à un accident endommageant lourdement leur voiture, Aline et Carsten ont décidé de ni la réparer, ni en racheter une nouvelle. C'est à ce moment-là que le vélo a pris une place importante dans leur vie. [Nous tenons à préciser qu'ils étaient déjà sensible à réduire leur utilisation de la voiture avant cet événement]
Des vélos ? Ok, mais pas n'importe lesquels. Ils se sont ainsi munis de deux vélos couchés pour se promener et voyager sur de plus longue distance. Carsten a également fait l'acquisition d'un vélomobile pour se rendre à son travail chaque jour (20 km qu'il parcourt en 30 minutes 🚀).
Ces deux types de vélos sont connus pour leur aérodynamisme. En effet, en position allongée, le cycliste oppose moins de résistance à l'air. Les vitesses moyennes d'un vélomobile se situent entre 30 et 40 km/h, pouvant aller jusqu'à 50 km/h. De surcroît, leurs ergonomies sont travaillées pour rendre leur utilisation la plus confortable possible. Ils sont équipés d'un siège avec dossier permettant une meilleure position assise, ce qui permet de plus de développer davantage de puissance dans les jambes. Les modèles que nos hôtes ont choisi roulent sur trois roues pour plus de stabilité.
Ils ont aussi en leur possession une assez grande remorque pouvant être accroché à un vélo et dotée d'une assistance électrique. Cette installation est utile à Aline pour transporter des outils ou des plantes. Elle a en effet comme passion et métier le jardinage.
Des avantages précieux découlent de ce choix de vie. Non seulement sur des aspects économiques et environnementaux mais aussi par la présence d'un sentiment de liberté permanent. Par ailleurs, sans voiture, le rythme de vie est ralenti, ce qui incite à prendre plus son temps.
Cela rejoint le mouvement de Slow Life qui consiste à vivre en pleine conscience. Nous découvrons cette philosophie au fur et à mesure et elle est passionnante. Nous vous conseillons l'écoute de ce podcast [Simple & Cité] très chouette abordant une vie moderne en simplicité :
Aline et Carsten choisissent d'autres moyens de transport lorsque une situation difficile l'impose. Il leur arrive de louer une voiture en agence, mais le plus souvent, un voisin, collègue ou amis leur en prête une, en échange d'une somme d'argent, d'un plein d'essence ou simplement gracieusement.
- UN RÉSEAU D'ENTRAIDE -
Suite à leur déménagement (à vélo 🙃) dans la ville de Baelen, Aline et Carsten se sont inscrit dans un SEL (Système d'Échange Local) dans le but de rencontrer de nouvelles personnes. Ce système permet l'échange de produits et de services entre habitants d'une même région. La "monnaie" utilisée pour valoriser un bien ou l'aide d'une personne est une unité de temps. Par exemple, vous pouvez aider une heure quelqu'un sur son ordinateur et vous obtiendrez 60 LETS, que vous pourrez dépenser à votre tour.
Grâce à cette plateforme web, Aline échange des plantes et demande de l'aide pour son jardin. Carsten, lui, met à disposition ses compétences en réparation de vélos. Nos deux hôtes proposent également des leçons pour apprendre l'Esperanto [une langue internationale à l'apprentissage facile, présenté comme un pont neutre entre les cultures].
L'année prochaine, Aline deviendra une référente dans ce réseau pour accompagner l'intégration des nouveaux inscrits.
À ce jour 665 SEL sont référencés juste en France, je vous laisse ce lien si ce système vous intéresse 😏.
- UNE DESIGNEUSE EN PERMACULTURE -
Aline a appris le jardinage avec sa grand-mère, par l'expérience et par les nombreux livres que sa curiosité a croisé.
Elle pratique son métier avec un réseau de plusieurs jardiniers exerçants également la permaculture. Grâce à cette organisation, elle et ses confrères peuvent accepter de plus grands projets, réfléchir à leur design ensemble et les mettre en œuvre assez rapidement.
Vous pouvez découvrir certaines de leurs réalisations sur ce site.
Derrière la passion d'Aline, habite la volonté de promouvoir la biodiversité, d'explorer toutes sortes de saveurs, couleurs, jouer avec une multitude de plantes, encourager les autres à découvrir tous ces potentiels 'trésors'. Et finalement, de permettre à chacun de développer davantage une vie autonome. 💪
- L'AUTONOMIE & LA CONVIVIALITÉ -
Le sujet de l'autonomie nous tient beaucoup a cœur et nous allons ici le développer avec un peu de philosophie. Nous aimons relier cette idée avec le concept de la convivialité car, à notre avis, il complète et met en perspective ce sujet. Nous l'avions déjà introduit dans un précédent article et nous allons ici détailler ce concept.
Tout d'abord, il faut préciser qu'il s'agit d'un mot empreinté à l'espagnol (con-vivir, vivre avec) utilisé par Ivan Illich dans son livre La Convivialité, publié en 1973. Il applique le qualificatif de "convivial" en particulier à des outils, de quelque sorte qu'ils soient. Par exemple, un vélo est un outil, mais aussi l'école ou l'hôpital.
Selon Illich, nous pouvons parler d'outil convivial lorsqu'il renforce l'autonomie de son utilisateur et élargie son rayon d'action personnel. Cependant, il ne doit pas créer de dépendance voire d'aliénation vis-à-vis de lui-même, autant pour l'utilisateur que pour la société autour de lui.
Prenons deux exemples classiques pour illustrer ces principes : la voiture et le vélo.
La voiture est taxée d'outil non convivial. C'est assez contre intuitif, car en effet, nous pensons d'abord qu'elle renforce énormément notre capacité à se déplacer. Mais si nous nous penchons sur l'histoire de son développement, nous nous rendons compte de plusieurs choses. C'est elle qui a crée les distances que nous sommes forcés de parcourir tout les jours. En permettant la vitesse et la distance, elle les a rendu obligatoires. Elle s'est rendue indispensable face aux autres moyens de transport, elle a ainsi façonné les villes au détriment des piétons et cyclistes. Nous pouvons citer d'autres de ses défauts, qui surpassent ses vertues : elle pollue et tue, elle nous oblige à gagner beaucoup d'argent pour lui fournir du carburant et l'entretenir... Finalement, la raison pour laquelle nous devons utiliser une voiture s'est imposée par le fait que tout le monde détient une voiture : notre société est aliénée par la voiture.
Le vélo, en revanche, pourra être décrit comme un outil convivial : il augmente bien le pouvoir d'agir de son utilisateur et n'occasionne pas de dommage à la société.
En définitive, ce concept de convivialité nous permet d'observer nos outils sous un nouvel angle, pour ainsi mesurer leurs capacités à contribuer à une vie autonome.
Avec Aline et Carsten, nous avons beaucoup appris quant aux possibilités qui s'offrent à nous pour faire évoluer notre mode de vie et mener une existence plus autonome et en accord avec nos principes. Nous en les remercions grandement encore une fois !
/SOURCES/
Ivan Illich, La Convivialité, 1973
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- BONUS -
Nous vous avions déjà parlé dans le dernier article de Carsten et Aline et des low-tech qu'ils utilisaient quotidiennement. Nous sommes restés 5 semaines dans le nord-est de la Belgique chez ce couple généreux. Leur choix de vie nous ont plu et nous voulions partager cela avec vous.
- LE VÉLO POUR SE DÉPLACER -
Des vélos ? Ok, mais pas n'importe lesquels. Ils se sont ainsi munis de deux vélos couchés pour se promener et voyager sur de plus longue distance. Carsten a également fait l'acquisition d'un vélomobile pour se rendre à son travail chaque jour (20 km qu'il parcourt en 30 minutes 🚀).
Ces deux types de vélos sont connus pour leur aérodynamisme. En effet, en position allongée, le cycliste oppose moins de résistance à l'air. Les vitesses moyennes d'un vélomobile se situent entre 30 et 40 km/h, pouvant aller jusqu'à 50 km/h. De surcroît, leurs ergonomies sont travaillées pour rendre leur utilisation la plus confortable possible. Ils sont équipés d'un siège avec dossier permettant une meilleure position assise, ce qui permet de plus de développer davantage de puissance dans les jambes. Les modèles que nos hôtes ont choisi roulent sur trois roues pour plus de stabilité.
Des avantages précieux découlent de ce choix de vie. Non seulement sur des aspects économiques et environnementaux mais aussi par la présence d'un sentiment de liberté permanent. Par ailleurs, sans voiture, le rythme de vie est ralenti, ce qui incite à prendre plus son temps.
Cela rejoint le mouvement de Slow Life qui consiste à vivre en pleine conscience. Nous découvrons cette philosophie au fur et à mesure et elle est passionnante. Nous vous conseillons l'écoute de ce podcast [Simple & Cité] très chouette abordant une vie moderne en simplicité :
Aline et Carsten choisissent d'autres moyens de transport lorsque une situation difficile l'impose. Il leur arrive de louer une voiture en agence, mais le plus souvent, un voisin, collègue ou amis leur en prête une, en échange d'une somme d'argent, d'un plein d'essence ou simplement gracieusement.
- UN RÉSEAU D'ENTRAIDE -
Suite à leur déménagement (à vélo 🙃) dans la ville de Baelen, Aline et Carsten se sont inscrit dans un SEL (Système d'Échange Local) dans le but de rencontrer de nouvelles personnes. Ce système permet l'échange de produits et de services entre habitants d'une même région. La "monnaie" utilisée pour valoriser un bien ou l'aide d'une personne est une unité de temps. Par exemple, vous pouvez aider une heure quelqu'un sur son ordinateur et vous obtiendrez 60 LETS, que vous pourrez dépenser à votre tour.
Grâce à cette plateforme web, Aline échange des plantes et demande de l'aide pour son jardin. Carsten, lui, met à disposition ses compétences en réparation de vélos. Nos deux hôtes proposent également des leçons pour apprendre l'Esperanto [une langue internationale à l'apprentissage facile, présenté comme un pont neutre entre les cultures].
L'année prochaine, Aline deviendra une référente dans ce réseau pour accompagner l'intégration des nouveaux inscrits.
À ce jour 665 SEL sont référencés juste en France, je vous laisse ce lien si ce système vous intéresse 😏.
- UNE DESIGNEUSE EN PERMACULTURE -
Elle pratique son métier avec un réseau de plusieurs jardiniers exerçants également la permaculture. Grâce à cette organisation, elle et ses confrères peuvent accepter de plus grands projets, réfléchir à leur design ensemble et les mettre en œuvre assez rapidement.
Vous pouvez découvrir certaines de leurs réalisations sur ce site.
Derrière la passion d'Aline, habite la volonté de promouvoir la biodiversité, d'explorer toutes sortes de saveurs, couleurs, jouer avec une multitude de plantes, encourager les autres à découvrir tous ces potentiels 'trésors'. Et finalement, de permettre à chacun de développer davantage une vie autonome. 💪
- L'AUTONOMIE & LA CONVIVIALITÉ -
Le sujet de l'autonomie nous tient beaucoup a cœur et nous allons ici le développer avec un peu de philosophie. Nous aimons relier cette idée avec le concept de la convivialité car, à notre avis, il complète et met en perspective ce sujet. Nous l'avions déjà introduit dans un précédent article et nous allons ici détailler ce concept.
Tout d'abord, il faut préciser qu'il s'agit d'un mot empreinté à l'espagnol (con-vivir, vivre avec) utilisé par Ivan Illich dans son livre La Convivialité, publié en 1973. Il applique le qualificatif de "convivial" en particulier à des outils, de quelque sorte qu'ils soient. Par exemple, un vélo est un outil, mais aussi l'école ou l'hôpital.
Selon Illich, nous pouvons parler d'outil convivial lorsqu'il renforce l'autonomie de son utilisateur et élargie son rayon d'action personnel. Cependant, il ne doit pas créer de dépendance voire d'aliénation vis-à-vis de lui-même, autant pour l'utilisateur que pour la société autour de lui.
Prenons deux exemples classiques pour illustrer ces principes : la voiture et le vélo.
La voiture est taxée d'outil non convivial. C'est assez contre intuitif, car en effet, nous pensons d'abord qu'elle renforce énormément notre capacité à se déplacer. Mais si nous nous penchons sur l'histoire de son développement, nous nous rendons compte de plusieurs choses. C'est elle qui a crée les distances que nous sommes forcés de parcourir tout les jours. En permettant la vitesse et la distance, elle les a rendu obligatoires. Elle s'est rendue indispensable face aux autres moyens de transport, elle a ainsi façonné les villes au détriment des piétons et cyclistes. Nous pouvons citer d'autres de ses défauts, qui surpassent ses vertues : elle pollue et tue, elle nous oblige à gagner beaucoup d'argent pour lui fournir du carburant et l'entretenir... Finalement, la raison pour laquelle nous devons utiliser une voiture s'est imposée par le fait que tout le monde détient une voiture : notre société est aliénée par la voiture.
Le vélo, en revanche, pourra être décrit comme un outil convivial : il augmente bien le pouvoir d'agir de son utilisateur et n'occasionne pas de dommage à la société.
En définitive, ce concept de convivialité nous permet d'observer nos outils sous un nouvel angle, pour ainsi mesurer leurs capacités à contribuer à une vie autonome.
Avec Aline et Carsten, nous avons beaucoup appris quant aux possibilités qui s'offrent à nous pour faire évoluer notre mode de vie et mener une existence plus autonome et en accord avec nos principes. Nous en les remercions grandement encore une fois !
Léo & Laetitia
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Ivan Illich, La Convivialité, 1973
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- BONUS -
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