MURS EN PISÉ CHEZ JEREM


Après le wwoofing, nous avons décidé de tester la construction participative ! Nous avons donc filé vers l'Isère, chez Jérem et Lauren pour les aider à rénover leur maison en pisé.


/LA CONSTRUCTION PARTICIPATIVE/
Cela repose sur le même échange que le wwoofing : contre petits bras musclés, l'hôte s'engage à offrir gîte et couvert. Enfin ça c'est la base, car en réalité, l'échange est bien plus fort ! Les volontaires vont en plus y trouver l'apprentissage et la pratique de techniques de construction. Au contact de ces dernier, l'hôte se donnera un regain de motivation, souvent bienvenu lors de longs chantiers.
C'est en tout cas ce que nous avons ressenti chez Jérem (nous n'avons pas rencontré Lauren qui était absente lors de notre séjour). En effet nous avons été accueillis par quelqu'un de passionné et surtout de très pédagogue, à l'écoute et déterminé à ce que ses volontaires passent le meilleur moment possible.
En retour, que faire sauf apporter toute son énergie à la sienne pour l'aider à terminer la maison de ses rêves ?

/LE PISÉ/
C'est un système de construction qui fût très utilisé dans la région au XIXe siècle. Aujourd'hui encore, la majeure partie des bâtiments a une base en pisé. Il repose sur un matériau local car il s'agit d'employer la terre, naturellement très argileuse de la plaine de la Bièvre, pour ériger les murs.

Afin de protéger les édifices des infiltrations d'eau remontant du sol par capillarité, les soubassements sont constitués de galets roulés, eux aussi caractéristiques de la région. Ils proviennent en effet d'un glacier, qui, avec ses flux et reflux, donna cette forme particulière aux roches. Ainsi, sur une hauteur d'un mètre, les galets sont rangés en "arête de poisson" et liés par de la chaux.



Les maisons en pisé se caractérisent par leur important déphasage thermique, c'est-à-dire leur bonne faculté à garder la chaleur ou la fraîcheur dans les murs pour les restituer ensuite. En été, la fraîcheur de la nuit sera restituée pendant la journée alors qu'en hiver, la chaleur du soleil sera emmagasinée dans les murs et réchauffera l'air intérieur durant la nuit. Il en résulte une maison plutôt tempérée, qui ne sera jamais trop chaude. L'hiver, il faudra cependant y apporter beaucoup de chaleur car la terre est peu isolante.

/LE CHANTIER/
Les précédents propriétaires de la maison avaient recouvert les parois intérieures d'un enduit au ciment, ce qui est désastreux pour une telle construction car la terre est un matériau perspirant et perméable. Cela a provoqué de l'humidité dans les murs, propices au développement de moisissures... La première chose que Jérém et Lauren ont fait a été de casser toute cette "croûte" pour laisser respirer la terre.
Les travaux ont ensuite portés sur différents gros œuvres avec la rénovation de la toiture, le perçage de nouvelles ouvertures, la plomberie, l'électricité...

Un superbe spécimen d'hérisson bien aéré
Nous y avons découvert un système de ventilation du sol, dont le principe est aussi magnifique que le nom : un hérisson ventilé. Et oui Jamy, le sol en terre doit lui aussi respirer ! Étant donné qu'il n'y a pas de fondation, l'humidité du sol remonterai dans les murs. Un tuyau perforé partant du côté Nord serpente entre des galets roulés jusqu'au côté Sud. Le tout a été recouvert par une dalle en liège et en chaux.

Au niveau du chauffage, Jérem a installé des tuyaux chauffants dans le sol et dans les murs. Le circuit d'eau est chauffé par une chaudière à granulés haute performance énergétique. Il créé ainsi un chauffage de masse qui tire parti de la propriété qu'à la terre à emmagasiner l'énergie pour la transmettre doucement.
Bref, le choix des matériaux et des techniques, mêlant l'ancien à l'innovant, a été mûrement réfléchi en accord avec les caractéristiques de la maison.

/NOTRE CONTRIBUTION/
Nous ne sommes restés que très peu de temps (une journée et demie), mais nous avons pu découvrir un vaste panel de techniques et matériaux.
Le premier jour, nous avons commencé par faire le ragréage des murs, c'est à dire lisser les murs bruts, qui avaient été abîmés par la couche de ciment retirée précédemment.
Pour cela nous faisons un mélange de 1/4 de terre tamisée + 3/4 de sable + de l'eau, pour donner à la matière une consistence semblable à celle du ciment ou de la chaux.
Avant de travailler, il est nécessaire d'arroser abondamment le mur afin que les deux surfaces adhèrent entre elles et se lient.

Nous appliquons notre préparation sur le mur humide à l'aide d'outils très perfectionnés : nos mains ! Gros avantage de la terre sur la chaux, on peut la toucher sans crainte d'avoir les mains d'un bûcheron en fin de carrière au bout de 3 jours ;)
La méthode d'application est elle aussi très recherchée : saisir une poignée de terre puis la projeter avec force à l'endroit désiré, afin qu'elle entre bien dans les anfractuosités du mur. Ensuite l'étaler avec notre truelle de peau. Le rendu est plus ou moins lisse, mais c'est sans importance car un enduit de finition le recouvrira par la suite si besoin (et puis c'est très joli un mur pas tout à fait lisse et droit).


Démonstration d'une utilisation de l'outil "main" dans sa configuration "catapulte" puis "truelle"

Nous avons également utilisé du torchis (mélange terre/paille/eau) pour combler des trous trop importants.
 Le lendemain matin, nous nous sommes attaqués à l'enduit. Le mélange est le même que précédemment, sauf que nous avons tamisé la terre et le sable plus finement (mais cela dépend de l'aspect recherché).
Cette fois-ci ci, application au platoir puis finition avec une taloche pour gommer les jointures et donner un petit relief.


/NOTRE EXPÉRIENCE/
Venait déjà l'heure de repartir, la tête bouillonnante de toutes nos découvertes et de la joie provoquée par la rencontre si éphémère mais intense avec notre hôte (avec la casquette ⬇⬇) et les autres volontaires.


Jérem nous a plusieurs fois raconté à quel point il avait été impressionné par la richesse des échanges au gré des multiples chantiers qu'il a organisé durant l'été. Voir autant de motivation et de générosité chez des volontaires a créé chez lui une nouvelle conception de l'humain et de l'inconnu. Nous pensons avoir perçu à travers ses mots, cette sensation procurée par l'entraide, bienveillance et la gratitude entre semblables inconnus.
Nous avons ici mis le doigt sur une nouvelle dimension au chantier d'une maison et qui donne les prémices de ce qui sera ce lieu de vie : l'accueil, le partage, la découverte, l'apprentissage, la co-construction.
Nul doute que le moment venu, nous proposerons à notre tour des chantiers participatifs et accueillerons des volontaires avec pour modèle l'organisation, la pédagogie et l'enthousiasme de Jérém.



🌠 Chouuuuing 🌠
Avant et après le ragréage

🌠 Enduit de finition 🌠


/LIENS/
Pour ceux qui seraient tentés par la construction participative, quelques sites que nous avons consulté pour nos recherches :
- Oikos écoconstruction
- Immobilier écologique
- Twiza
 Léo


Commentaires

  1. Big up ! Super article, merci beaucoup, que de bons souvenirs avec vous... Revenez quand vous voulez ! Et profitez à fond ! Ici, Winter is Coming, ça donne moins envie d'aller patauger dans la terre !!

    @++ belle route à vous

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